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Portrait : Morgane, Promo 19, nous raconte son expérience à l’international (Partie 2)

Seconde partie de notre interview de Morgane Guehennec, élève ISIFC de la 19ème promotion d’ingénieur et qui a réalisé de nombreuses expériences à l’international depuis son arrivée à l’école. 

Aujourd’hui, Morgane nous parle de son projet de césure autour du monde, qu’elle a réalisé en compagnie de 2 camarades de promo : Chloé Sisqué et Philomène Mazand…

La césure permet, dans le cadre d’un projet personnel construit, et sur demande, de faire une pause de 6 à 12 mois dans ses études.

Mini Interview

Cette fois-ci, tu es partie en compagnie de Chloé et Philomène (également de la même promotion), donc je propose que l’on continue cette interview à trois ! Pouvez-vous nous expliquer un peu ce projet plus en détails ? Vous êtes donc parties dans plusieurs pays ?

►  Le groupe : Le projet était de partir vadrouiller dans le monde. Nous avons donc profité de ce qu’on appelle une période de césure qui consiste à suspendre temporairement ses études dans le but d’acquérir une expérience personnelle ou professionnelle en France ou à l’étranger.

Pour nous, la motivation principale et notre moteur est de voyager, de découvrir le monde à travers différents pays et continents mais aussi de nous impliquer dans des projets de volontariat qui ajouteront du sens à notre périple. C’est donc en passant par Madagascar et la Tanzanie en Afrique, et par l’Indonésie, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et la Thaïlande en Asie que nous nous sommes mises au service des autres. Nous avons  fait partie de l’équipe biomédicale de deux hôpitaux  malgaches ; nous nous sommes impliquées auprès de New Stars Foundation en Tanzanie dont le projet est d’aider des enfants parfois orphelins dans leur accès à l’école et des femmes à s’émanciper ; nous avons aidé à nettoyer des rivières alimentant les rizières remplies de plastiques en Indonésie avec Sungai Watch et nous nous sommes même improvisées professeures d’anglais au Laos dans l’association NK Seeds.

Nous gardons toujours en tête l’aspect initiatique du parcours que nous voulons entreprendre puisqu’il s’agit du fil conducteur de notre césure : apprendre de chaque expérience afin d’en ressortir riches de nos rencontres, avec de nouveaux savoir-faire et se découvrir soi-même en plus de découvrir le monde.

 

Au début, l’idée m’a paru folle, je n’avais absolument pas prévu de faire une pause dans mes études. Et puis finalement pourquoi pas.
Je suis partisane du « on n’a qu’une vie », alors après tout, allons découvrir le monde !
Chloé

 

Était-ce quelque chose que vous vouliez faire depuis longtemps ? Comment ça s’est décidé ?

► Philo : Pour ma part c’est un projet que j’avais en tête depuis la fin du lycée quand j’ai appris qu’une césure était possible dans la plupart des écoles d’ingénieur. J’ai discuté de mon projet avec Morgane qui en a elle même parlé à Chloé. Puis nous en avons discuté toutes les trois, avons exprimé nos envies et idées et avons fait un mélange de tout, pour créer notre projet à trois.

► Morgane : Aussi loin que je me souvienne, la première fois que nous avons évoqué cette idée avec Philo c’était lors d’une soirée devant le Madigan’s (bar de Besançon) et j’ai tout de suite été emballée par l’idée, les voyages ça me fait rêver. Après cette soirée, nous en avons reparlé plus sérieusement,  nous avons commencé à nous renseigner sur la marche à suivre et entre temps, j’avais réussi à embrigader Chloé dans le projet. J’ai beaucoup bougé plus jeune avec mes parents et j’ai toujours aimé ça alors là, le fait de partir à la découverte de nouveaux pays pendant presque un an avec mes copines, c’était parfait !

► Chloé :  Comme les filles l’ont dit, moi j’ai vaguement entendu parler d’une conversation que Philo et Morgane auraient eu lors d’une de nos soirées. Au début, l’idée m’a paru folle, je n’avais absolument pas prévu de faire une pause dans mes études. Et puis finalement pourquoi pas. Je suis partisane du « on a qu’une vie », alors après tout, allons découvrir le monde et « ALEFA » (= c’est parti) comme on dirait en malgache.

Par rapport à vos stages en République Tchèque, Finlande et au Canada, comment avez-vous préparé l’organisation de cette césure ? Les logements étaient-ils prévus à l’avance, ou vous vivez au jour le jour ?

► Le groupe : Nous étions toutes les trois à l’étranger donc c’était un peu compliqué avec nos décalages horaires mais étant de la génération Covid, le distanciel n’est plus un problème. Nous nous faisions des petites réunions sur Teams pour avancer sur notre projet et les différentes démarches, notamment la constitution du dossier à soumettre à la présidence de l’Université.

L’organisation est plutôt au jour le jour, nous n’avions planifié que les grandes lignes (les pays, l’ordre et le temps accordé à chacun d’eux). Avec le recul, nous trouvons que garder une flexibilité est primordial. Et au final, nous n’avons même pas voyagé dans tous les pays prévus avant le départ. Nous devions aller au Sri Lanka par exemple, mais au vu des tensions politiques qui se sont intensifiées, nous avons pu facilement changer notre feuille de route puisque nous ne prenons rien (billets, logements) trop en avance.

Pour être plus précises, nous avons en général une visibilité sur nos 4 prochains jours pour ce qui est des transports (hors avions) et des réservations d’auberges ou hôtels. Et quand nous avions des deadlines à respecter, des choses  réservées trop en avance, cela nous a généralement porté préjudice car selon nos rencontres et selon le mood, nous apprécions le fait de pouvoir étendre ou écourter nos étapes.

Quel a été le budget pour ce voyage ? Comment l’avez-vous financé ?

► Le groupe : Nous avions établi un budget aux alentours de 10 000€ pour les 10 mois. Nous l’avons financé principalement avec nos jobs étudiants, et les économies qu’on pouvait avoir dans nos petits livrets A. C’est un gros investissement, mais nous sommes toutes les trois parties du principe que nous nous remplumeront à notre retour.

 

Je ne crains pas la reprise car ce sera quelque chose de nouveau et surtout un premier pas dans le monde du travail.
C’est quelque chose que j’attends avec impatience et qui devrait me plaire.
Philomène

 

Vous n’êtes pas trop tristes d’avoir abandonné (!) votre promo ? Vous ne craignez pas que la reprise soit difficile à la rentrée 2023 ?

► Philo : J’ai été bien évidemment un peu triste d’abandonner la promo mais comme j’étais déjà partie en Erasmus c’était plutôt à ce moment là que la séparation a été difficile et pour la césure c’était un peu plus simple.

Je ne crains pas la reprise car ce sera quelque chose de nouveau et surtout un premier pas dans le monde du travail et c’est quelque chose que j’attends avec un peu d’impatience et qui devrait me plaire. Et puis je dois avouer que la France me manque un peu.

► Chloé : Oui et non. Dans la même idée que Philo, je dirais que les « au-revoir » les plus difficiles ont été en décembre, quand tout le monde est parti vivre ses petites expériences de stage aux quatre coins de la France/Europe voire monde. Donc partir en césure dans la continuité de nos stages déjà à l’étranger n’était pas le moment le plus sentimental comparé au Connemara de notre dernière soirée à l’école, qui lui, était mémorable.

Pour mes craintes, un peu oui, j’appréhende le contraste énorme entre « l’après-césure » et notre vie de baroude riche en rencontres, en paysages qui nous en mettent plein la vue, en découvertes du monde, en galères aussi. Après, l’envie de rentrer est là. Poser son sac, retrouver un lit, prendre une douche chaude,  construire une nouvelle vie, retrouver les copains, s’épanouir professionnellement, reprendre le sport sont des petites choses que j’aurais qualifié de complètement routinières et auxquelles je n’accordais pas d’importance avant mais qui a posteriori, m’emballent maintenant.

► Morgane : Comme l’ont bien résumé les filles, le départ au mois de mai n’a pas été si difficile car les au-revoir avaient déjà été faits bien avant. L’idée qui me chafouinait le plus était surtout d’être absente pour le Gala car pour moi il représentait vraiment LE moment le plus important de notre scolarité avec notre promo et je voulais être présente auprès de mes amis pour ce grand jour. Et finalement, nous avons réussi à combiner les deux et nos chers camarades de la P19 se souviendront sûrement de notre irruption surprise à la remise des diplômes.

Morgane et Chloé ont pu être présentes pour leurs camarades à la remise des diplômes de la Promo 19 !
© Ludovic Godard

Pour ce qui est de la reprise et du retour en France, je suis partagée entre l’envie de rentrer, de retrouver ces petites choses qui au quotidien manquent, reprendre le sport (je ne pensais pas dire ça un jour), retrouver ma famille et mes amis, avoir un chez soi et construire une nouvelle vie en essayant d’y intégrer les leçons qu’on a pu tirer de ce voyage. Mais ce retour fait un peu peur aussi. Devoir aller en stage, poser nos fesses sur une chaise pendant une journée entière alors que ça fait presque un an qu’on ne l’a pas fait, devoir se concentrer plus de 10 minutes et surtout dire au revoir à la vie de roots au jour le jour, ponctuée de rencontres toutes plus extraordinaires les unes que les autres, où la découverte est constante,ne vas pas être évident.

Jusqu’à présent, quel a été le pays qui vous a le plus marqué ?
Quelles ont été vos meilleures expériences ?

► Philo : Le pays qui m’a le plus marqué jusqu’à maintenant c’est Madagascar, parce que c’est très différent de tout ce que l’on connaît, c’est très dépaysant et c’était une expérience très enrichissante de pouvoir passer 6 semaines dans des hôpitaux. On a rencontré beaucoup de personnes exceptionnelles et on a pu voir les différences avec nos systèmes de soins français et c’est un sacré choc.

C’est vraiment difficile de faire un choix parmi toutes les expériences que l’on a pu vivre, il y en a tellement sur neuf mois de voyage mais ce que je garde c’est l’ouverture à tous les niveaux que ce voyage a pu m’apporter.

► Chloé : J’ai adoré tous les pays qu’on a visité, certains pour leurs paysages, d’autres pour les rencontres qu’on y a faites, pour des plongées qui ont manqué de m’exorbiter les yeux sous le coup de l’émerveillement, pour des treks sur des volcans lunaires,…

Mais si je devais vraiment en citer un, Madagascar. Pour le sentiment de non pas seulement être à l’autre bout du monde, mais carrément d’être dans un autre monde. Un monde où la vie est si différente de celle que je connaissais, un monde où tu fais 100km en 6h à cause de l’état des  pistes par exemple. Mais là bas, c’est ok, c’est comme ça et c’est la vie. Et c’est là où toi tu te dis « c’est quoi ces conditions de vie » quand eux sont juste heureux tout court, même avec rien. En tout cas on s’est pris une grande leçon dans la figure : relativiser, relativiser et encore relativiser.

► Morgane : Pour moi, c’est vraiment difficile de ne citer qu’un pays car ils sont tous singuliers et m’ont tous marqué pour une raison ou une autre. Madagascar, c’était notre première destination et quelle claque on a pris en arrivant à Antananarivo, la capitale ! C’est un pays bien trop sous-estimé comparé à ce qu’il a à vous offrir. La Tanzanie, c’est surtout le safari qui m’a marqué, on se serait cru dans les reportages Arte que je pouvais regarder à la télé quand j’étais gamine. L’Indonésie, ça a été une vraie révélation, le combo parfait entre la mer et la montagne. On y aura fait nos meilleurs treks dont un à plus de 3 000 m d’altitude tout comme on aura été explorer les profondeurs marines jusqu’à 30 m pour aller à la rencontre des raies manta. Le Vietnam, c’est surtout une opposition permanente entre la cacophonie des villes et l’authenticité, le calme qui règne dans les montagnes. Pour le Cambodge, impossible de passer à côté des temples d’Angkor, on fait un bon dans le passé de plusieurs siècles mais ces édifices sont toujours aussi impressionnants. Au Laos, on s’est improvisées profs d’anglais auprès d’enfants et comment dire, l’affection et les sourires qu’ils vous donnent dépasse toute attente. Pour la Thaïlande, affaire à suivre…

Mais la leçon à retenir de tout ça, c’est qu’on a toujours (ou presque) rencontré des gens avec le cœur sur le main, qui sont prêts à tout vous donner alors qu’eux n’ont rien et ils sont heureux comme ça, ils ont le sourire jusqu’aux oreilles !

Y a-t-il un blog ou des réseaux sociaux sur lesquels nous pouvons suivre votre parcours ?

► Le groupe : Pas vraiment… Nous avons chacune créé un compte Polarstep qui est une application permettant de tracker où nous sommes allées et nous pouvons, autant qu’on le souhaite, mettre des étapes avec des photos et des descriptions. Nous avons gardé ces journaux de bords privé et les avons partagé avec nos familles seulement.

Nous étions plus actives sur nos comptes Instagram respectif où nous publions quelques photos.

Philomène, Morgane et Chloé en Indonésie

Ok je vois ! Mais en tout cas vous nous avez partagé de très belles photos pour cet article !
Bon, et pour finir… Quels conseils auriez-vous pour des étudiants qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure ?

► Philo :  Faites-le, partez, même si ça fait peur ça en vaut la peine.

► Chloé : J’ai qu’une chose à dire, et pour cela je vais citer un grand auteur de la littérature internationale : « just  do it ».

► Morgane : Un conseil : foncez et réalisez vos rêves. Ça peut faire peur, c’est pas tous les jours facile, mais on en ressort plus grand, en oubliant les jours sans (et comme aime dire Philo : les jours sans, il faut faire avec).

Merci beaucoup pour avoir pris le temps de répondre à toutes ces questions !
Rendez-vous bientôt alors…